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11 novembre 2006

Quand le hasard s'en mèle

Ils n'avaient rien en commun. Elle habitait un joli pavillon dans les quartiers chics, prenait régulièrement rendez-vous chez son coiffeur pour que disparaissent les marques de l'âge et trouvait quelques heures chaque samedi pour fouiner aux galeries Lafayette. Il louait un petit 40 m² situé à deux immeubles d'une cité dite "à risques", il se faisait couper les cheveux à la tondeuse par sa mère et attendait Noël pour enfin s'offrir une nouvelle veste. Elle ne se déplaçait qu'en taxi, avait déjà 10 ans de mariage derrière elle et ne connaissait pas le bonheur d'être mère. Il était un habitué des heures de pointe dans le métro parisien, changeait de petite amie comme de petit boulot, n'envisageait pas une seconde d'avoir à changer une couche un jour. Ils n'avaient rien en commun. Encore moins leur âge que leur sexe. Et pourtant.

C'est en promenant son petit Yorkshire qu'elle repensa aux éclairs aux chocolats de ce pâtissier. Fameux. Certes, il était installé non loin de la cité mais un petit détour en valait bien la peine. Il fallait le voir, lui, s'emmêler avec la laisse de l'épagneul de sa voisine. Il n'hésitait jamais à lui rendre service mais ce chien était décidément complètement stupide et bien évidemment, comme pour montrer que oui, il était bien un mâle digne de ce nom, il s'arrêtait à tous les poteaux, boîtes aux lettres, arbres et jambes qu'il rencontrait. C'est ainsi qu'il se mit à renifler avec entrain le collant noir de cette femme. Ses pattes salies laissaient d'horribles traces sur son long manteau beige et ses collants désormais filés. Son ridicule petit Yorkshire ne bougeait plus. Intrigué, ou effrayé que sais-je. Il était désolé, vraiment navré madame. Ce chien est vraiment un imbécile, il le savait, mais ce n'était pas le sien, ça jamais! Elle se mit à rire. D'un petit rire doux, doux comme une chanson pour enfant. Le teinturier en ferait bien son affaire, et puis ce manteau se faisait vieux à présent. Un cadeau de son mari, à la belle époque. Il lui proposa un dédommagement. Elle refusa net. Après tout, il se dit que son pauvre porte-feuille ne s'en porterait pas plus mal. Mais quand même... ! Il l'invita à prendre un café. Elle déclina prétextant un repas de famille, certes ennuyeux et long à mourir mais inévitable. Au moins pour faire semblant que. Le voile qui s'abattit sur ses yeux noirs ne lui échappa pas. Il lu le regret, l'amertume, la détresse dans cette apparente élégance. Elle le remercia, caressa une oreille de l'épagneul et partit rapidement, laissant derrière elle les effluves d'un Channel n°5. Il la reverrait. Un jour ou l'autre, il se le jura, il lui offrirait ce café. Un sucre pour lui, aucun pour elle.

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