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Just a dream...
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25 juillet 2007

A quatre mains...

... Ou à deux claviers !

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Salops de flics. On lui avait tout pris. Pffiout. Disparus, envolés, ses sacs, ses 40 000 €. Envolée, sa vie. On l'appelait  "Princesse". Ça devait être pour ses airs à la Grace Kelly, qu'elle pensait. Tout le quartier la connaissait, elle n'aurait quitté des yeux ses sacs poubelles pour rien au monde, bah tiens ! Fallait la voir, la Denise, le maquillage étalé de travers et les cheveux soigneusement brossés au râteau. C'était pour son Roger, qu'elle leur disait aux autres, à tous. 'Pouvez pas comprendre vous. 'Pouvez pas ! Elle était bretonne, il parait que ça expliquait bien des choses. Jusque là, personne n'avait pu approché ses sacs. Personne. Elle était coriace la Denise, elle vous aurait fait la peau si vous y aviez touché. La peau, et même les os, eh ! Elle était née en 41, elle avait quitté sa Bretagne pour suivre son Roger, son parisien à elle. C'était tout pour elle. Faut dire qu'il en avait de l'allure ! Cet argent, dans ces sacs là, c'était le sien, le leur. En lâcher un centime, c'était comme lui couper un bras à son Roger. Et ça, croyez-moi, jamais ! Il devait pas servir à ça cet argent. Boudiou ! Ca aurait pas du se passer comme ça, qu'elle hurlait ! Il aurait du leur payer leur tour du monde, à eux, à deux. Ensemble ou rien. Ils seraient partis au Népal et ils auraient rencontré une petite fille, blonde, un peu trop seule. Ils l'auraient emportée dans leurs valises et auraient construit une belle maison en Bretagne, dans le Golfe du Morbihan, pas loin de la mer. La petite, elle aurait été heureuse tiens ! Parce que le Roger, il aurait fait un bon père ! Mais toussa, la Denise, elle en saura jamais rien, parce que ça ne s'est pas passé comme ça. Pas du tout comme ça. Non. Il y a eu le Viet Nam. Le Roger, n'écoutant que son innocente bravoure, est fièrement parti au combat aux côtés des communistes soviétiques, laissant derrière lui l'héritage de la tante Gertrude.. euh ... ...  de Germaine, la tante Germaine ! Autant pour moi.

Ah ! C'était un beau gars ce Roger. Courageux, vaillant, intrépide. Tu m'etonnes qu'elle craquait la Denise ! Et elle.. elle, elle en faisait tourner des têtes, quand elle laissait ses jupes découvrir ses guiboles trop blanches. Y'a des mômes qui restaient là les yeux brillants et des vieux qui en perdaient leur dentier la bouche ouverte genre poisson rouge et les pensées interdites. Mais pour elle c'était lui et rien d'autre alors elle l'attendrait. Elle attendait son retour depuis une trentaine d'années. 'Pouvez pas comprendre, qu'elle leur disait à tous. 'Pouvez pas. Elle était sûre qu'il reviendrait, il fallait juste qu'elle garde l'argent, au chaud, en sécurité dans ses sacs poubelles. La meilleure cachette qui soit. Il reviendrait, il avait promis. Il avait promis.. Elle se débrouillerait autrement pour vivre. Elle laverait le linge dans la Seine, eh ! Y'en a qui disaient qu'elle déraillait, la Denise, y'en a qui disaient qu'elle était folle. Mais elle l'était. Folle de son Roger. Folle à l'attendre des heures dans sa robe à pois rouges, celle du premier jour, tu te souviens ? Ils pouvaient lui prendre ses meubles, ses photos, ses souvenirs. Ils ne lui prendraient jamais son amour. Ni son argent !

Tu sais Denise, on gagne pas toujours contre la vie.

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Commentaires
H
Je suis mort de rire.
J
Très jolie histoire.<br /> <br /> Cette Denise, BOUDIOU quel personnage !! Ya aussi sa tante Gertrude... euh... non Germaine, oui c'est ça, c'est Germaine ! je l'ai bien connu dans le temps, une femme bien, brave et courageuse.<br /> <br /> Il y a aussi et surtout cette petite fille blonde qui se sent un peu trop seule. Elle me fait penser à quelqu'un. Faut que je retrouve le prénom, tu sais bien que moi et les prénoms...<br /> <br /> ;)
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